La médium by J. P. Smith

Auteur:J. P. Smith [Smith, J. P.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

35

Là.

Une note isolée, jouée sur le piano. À présent, elle était bien réveillée, les yeux grands ouverts. Elle tendit l'oreille.

Écoute.

Écoute avec les yeux. Guette le son dans le noir.

Elle tourna la tête vers la pendule : 2 h 13.

L'heure silencieuse où le temps semble suspendu, où la plupart des gens dorment d'un profond sommeil, tandis que certains meurent sans un mot, et que d'autres choisissent leur victime, la pourchassent, la laissent agoniser. Une heure pour rêver. Une heure pour se réveiller en sursaut, effrayée.

Elle se retourna dans son lit. La porte d'un appartement au bout du couloir se referma. Le verrou était poussé, la chaîne en place. Le silence revint.

Elle était en train de se rendormir, quand ça recommença : une note au piano.

Avait-elle rêvé ? Elle s'assit, écouta. Une troisième note retentit.

C'était ce qu'elle redoutait. Les monstres dans son esprit s'étaient échappés et maintenant ils pouvaient se promener, l'épier, la narguer et la ridiculiser. Ce qui était à l'intérieur était à l'extérieur. Comme la voix de la femme en pleurs. La voix qui la mettait en garde.

— Qui est là ?

Seul le silence lui répondit. Personne hormis Zoey n'avait jamais touché à cet instrument. Le couvercle était fermé depuis qu'elle était à l'hôpital.

Et puis…

Une note différente retentit et agonisa lentement. Elle entendait son propre souffle laborieux, à présent.

Il y avait quelqu'un dans l'appartement, quelqu'un qui avait ouvert le piano et appuyait sur les touches.

Elle écarta la couette et, sur la pointe des pieds, avança jusqu'au seuil de sa chambre. Trop effrayée pour regarder dans le salon, elle tendit l'oreille. Rien. Aucun bruit de pas ni de respiration.

Il faisait anormalement froid. Elle frissonna dans le débardeur qu'elle avait l'habitude de porter pour dormir. Elle croisa les bras sur sa poitrine pour se réchauffer, mais sa peau était glacée, comme celle d'une morte.

— Il y a quelqu'un ? demanda-t-elle encore, s'efforçant de garder son calme.

Elle prit son courage à deux mains et se dirigea vers le salon. Elle avançait à tâtons, palpant l'obscurité, cherchant quelque chose ou quelqu'un. Mais il n'y avait qu'elle, qui entendait des bruits, des notes jouées par sa fille.

Elle alluma une lampe. Le piano était ouvert.

Elle tâcha de se souvenir de ce qu'elle avait fait quelques heures plus tôt en rentrant. Elle avait bu deux verres au bar et se sentait un peu trop éméchée. En arrivant chez elle, elle avait regardé la télé et après ça, elle avait dû aller se coucher, parce que, lorsqu'elle avait rouvert les yeux, il était 2 h 13 et elle était dans son lit. Avait-elle fait autre chose qu'elle avait oublié ?

Elle appuya sur le do central. Elle attendit que la note se dissipe. Puis elle retourna dans sa chambre et finit par se rendormir.

4 h 43.

Cette fois, on avait enchaîné toutes les notes de la gamme – ou plus – avec une rage soudaine. Elle se réveilla en sursaut. Son débardeur et son lit étaient trempés, et les muscles de ses jambes étaient douloureux, comme si quelqu'un avait essayé de la plaquer au matelas.

Télécharger

Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.